2005 : la décision, les incertitudes

Voilà maintenant 9 mois que je travaille sur mon projet de création, ce n'est pas facile tous les jours...

40 ans, c'est l'âge de la raison tout autant que de la folie. C'est le virage que l'on aborde tant dans sa vie privée que professionnelle avec violence; un carrefour où l'on s'interroge sur la priorité qu'il faut ou non donner, où l'on n'est plus certain que la direction que l'on suivait est la bonne.

J'ai 43 ans.

Ma vie a été tracée relativement jeune puisque sortie de l'IUT, je suis immédiatement entrée dans une multinationale, comme on entre en religion, sans jamais en sortir. Bien entendu, j'ai souvent changé de job, évoluant en ce milieu infesté de chacals, où chaque morceau de territoire est durement gagné, très vite repris si l'on concède quoi que ce soit. Bref, une vie de requin au milieu des requins....

Mes enfants ont grandi...vite, très vite...ils sont aujourd'hui adolescents et c'est à peine si j'ai vu passer les années..le soir, ce n'est pas facile quand on rentre un peu tard à la maison après une journée chargée..Et puis il y a les déplacements professionnels, les moments de déchirement quand les enfants sont petits et qu'ils voient papa ou maman partir plusieurs jours, plusieurs semaines quelquefois...ces moments où il faut leur expliquer que l'on est bien obligé de faire çà puisque c'est notre travail, que sinon quelqu'un d'autre prendra notre place....Biensur il y a mon cher époux qui a suivi un chemin identique au mien...Il part plus tôt le matin, rentre plus tôt le soir et comme çà la table est mise quand je rentre... Elle est pas belle la vie ? NON.

Que va-t'il donc rester pour nos enfants? Est-ce là la vie qu'on leur souhaite ?

Alors cette idée a mûri en moi,....il manque quelquechose,....une chose essentielle.....VIVRE...VIVRE ET CREER...faire quelquechose, non pas obéir à un ordre dont on ne connait ni l'origine ni le but, mais bien créer et se réaliser.

Mon voyage aux Philippines en avril 2005 a confirmé en moi ce besoin...besoin de revenir à une idée simple : travailler avec l'idée que l'on fait quelquechose de bien, quelquechose qui va servir à quelqu'un, à quelquechose...N'est-ce pas là la meilleure des motivations ?

Mais c'est difficile de dire comme çà, "bon, salut, je me casse, je pars à l'aventure..."...surtout avec 2 ados à la maison et des habitudes de vie plutot 'facile' où l'on ne se prive pas de grand chose....

Il faut passer le pas, enjamber la frontière...C'est un moment de détresse immense..c'est ainsi que je l'ai ressenti...envie de le crier partout mais peur de seulement le murmurer à un proche..